Le gestuel figuratif
Bien que je ne sois plus un enfant, je peins. Je dessine aussi. Pour moi, ces pratiques sont une méditation, un rapport avec l'enfant en soi que l'on appelle aussi l'âme. Le jeu de créer reflète ce dialogue intérieur. Si tout est langage, tout s'explique ; lorsque l'enfant commence à maîtriser la grammaire, il arrête soudainement de peindre et de dessiner. Il passe de la peinture, c'est à dire d'une écriture sonique (au-delà de l'audible), à une maîtrise des noms comme représentation sonore des objets. Garder son âme d'enfant aide à jouer avec l'univers des essences, des fréquences élevées. Ma peinture se veut une écriture cosmique. En général, les variations de styles à travers les siècles traduisent les vibrations de l'univers. Elles jalonnent l'histoire et tracent notre avancée. La vocation de l'art n'est-elle pas de nous induire dans ce paysage où nous allons ? La spontanéité de la gestuelle me convient quand le résultat nécessite une lecture. Il y a un temps de latence entre l'émotion qui est abstraite et sa compréhension à l'émergence de la figure. Sa beauté nous renvoie ensuite à l'abstrait en une triade ainsi formulée. Hors des apparences et des références esthétiques arbitraires, l'énergie guide le geste et dévoile une image, une ouverture dans l'espace-temps.
Jacques de Longeville