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Irina Volkonskii

Mon art fonctionne comme un piège à rêves. Parce que jamais le vagabondage de la pensée n’aura paru aussi urgent, dans une société qui imprime ses formes et dicte son langage.

Le rêve n’est pas un écrin, une île déserte où l’homme se réfugie. Le rêve est un poison qui distille son dissolvant. Une machine à faire exploser les cadres. 

Je suis en révolte contre les murs, contre l’incarcération de l’imaginaire - miroir de l’abdication de l’esprit. Venue de l’Est comme un vent froid, je jette des ponts, hantée par la question de la construction. Qui construit ? Que construire ? Contre les charniers de l’histoire, le chantier de l’art. J’aime l’idée que le mot brique vient du bris, de la cassure. Bâtir, c’est morceler le réel, le démembrer en somme, pour proposer son réagencement. Je conçois l’art comme une nouvelle donne, au sens fort. Comme la contestation du posé. En ce sens, l’insolence des Dadaïstes allait plus loin que le réagencement surréaliste.

« Nous savons sagement que nos cerveaux deviendront des coussins douillets, que notre antidogmatisme est aussi exclusiviste que le fonctionnaire et que nous ne sommes pas libres et crions liberté », proclamait en 1916 le Manifeste de monsieur Antipyrine. Mon art n’est pas la mise à mal du réel par la destruction. De lui émane une vapeur, un soufre singulier : plus que la violence, ce qui est intolérable.

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